R.J.M. Soeur St Aristide. Profession 22 août 1949.
BIOGRAPHIE
Irène Léger
Soeur Saint Aristide, r.j.m. (1923- )
Religieuse, philosophe, éducatrice, voilà sans doute les trois mots qui campent le mieux la femme remarquable qu'est Soeur Irène Léger.
De souche acadienne, Irène est née à Paquetville (Nouveau-Brunswick), le 18 octobre 1923. Son père, Irénée Léger, aujourd'hui centenaire et sa mère Malvina Dugas, qui porte allègrement ses quatre-vingt-six ans, lui ont sans doute légué ce courage énergique qui a distingué Irène tout au long de sa jeunesse et de sa carrière d'éducatrice. Ses études primaires complétées à Paquetville, elle vient au Couvent Jésus-Marie de Lamèque (Nouveau-Brunswick) poursuivre son cours secondaire. L'Ecole normale de Fredericton (Nouveau-Brunswick) lui décerne son diplôme de Première Classe en 1941.
Dès septembre de cette même année, alors qu'elle n'a que dix-sept ans, la jeune éducatrice entreprend une carrière qui se poursuivra jusqu'en 1977, carrière entrecoupée seulement par des séjours à Rome ou dans diverses universités. Les élèves de Grande-Anse (Nouveau-Brunswick) bénéficient de sa compétence en 1941, puis ceux de Paquetville l'année suivante. En 1943, elle devient la première directrice de l'école de Néguac (Nouveau-Brunswick), poste qu'elle occupera pendant trois ans, tous en enseignant aux élèves de la huitième à la onzième année.
Ces six années d'enseignement auront bénéficié non seulement aux nombreux jeunes Acadiens avec qui elle partage ce qu'elle sait et ce qu'elle est, mais encore à son frère Aristide qu'elle aide de son encouragement et de ses deniers à suivre le chemin qui mène au sacerdoce. Son unique frère devenu prêtre, Irène peut se permettre avec l'assentiment généreux de ses parents, de suivre l'appel de la vocation et le 7 août 1947, nous la retrouvons au Noviciat Jésus-Marie à Sillery au Québec. Elle y poursuit la formation qui la conduit à sa profession religieuse le 22 août 1949.
À l'automne de cette même année, le Couvent Jésus-Marie de Shippagan (Nouveau-Brunswick) accueille avec joie le retour en Acadie de cette excellente éducatrice, connue alors sous le nom de Soeur Saint-Aristide. Les élèves du secondaire de Lamèque reçoivent ses services en 1950 durant trois ans. Puis, c'est le retour à Shippagan jusqu'en 1968, sauf pour l'année 1955-1956 qu'elle passe à Rome afin d'y approfondir sa formation religieuse et culturelle.
Si les années scolaires sont bien remplies par l'enseignement, les mois de vacances sont loin de la laisser oisive; Soeur Léger les emploie à poursuivre des études. Elle obtient un baccalauréat ès arts de l'Université d'Ottawa (Ontario) en 1957, un baccalauréat en éducation de cette même université en 1958 et une licence en philosophie, toujours à Ottawa en 1964.
Entre temps, le Couvent Jésus-Marie de Shippagan a subi une mutation importante: il est devenu Collège Jésus-Marie en 1960, première institution d'enseignement supérieur pour jeunes filles dans le nord-est du Nouveau-Brunswick. Soeur Léger en devient la première directrice des études. Dieu seul sait combien d'énergie et de ténacité, cette religieuse et ses collaboratrices auront dépensé pour que cette institution voit le jour et ait droit de cité parmi ses pairs.
De 1968 à 1971, Soeur Irène Léger continue à s'intéresser et à travailler à la cause de l'éducation en Acadie même si elle le fait de loin et indirectement. Elle passe en effet ces trois années à Lyon, France où elle obtient d'abord une maîtrise en philosophie en 1969, puis un doctorat dans cette même discipline en 1971. Sa thèse, L'adolescent aujourd'hui, l'homme nouveau de demain publiée aux Editions Privat sous le titre: L'adolescent dans le monde d'aujourd'hui en 1974, nous fait voir comment cette religieuse, éducatrice jusqu'au fond de son être, a pu scruter le comportement des jeunes de notre temps et consacrer ses dons d'intelligence, de coeur, de femme à leur formation.
De retour à Shippagan en 1971, nous la retrouvons comme recteur du collège, professeur de philosophie, supérieure de son groupe communautaire et conseillère provinciale de sa communauté. Que dire de la compétence et du rayonnement de cette femme ardente et courageuse, mais toujours simple et accueillante! Soeur Léger poursuivra sa tâche exigeante et complexe jusqu'en juin 1977, moment où le Collège de Shippagan deviendra Centre universitaire de Shippagan, un des trois campus de l'Université de Moncton (Nouveau-Brunswick). Les locaux tomberont alors sous la responsabilité de l'université et la direction sera assumée par un recteur-adjoint nommé par l'université. Entre temps, sans doute faut-il avoir vécu auprès de Soeur Léger pour savoir combien il lui en aura coûté de démarches, de revendications, de luttes acharnées pour que survive cette institution d'enseignement supérieur, la seule dans le nord-est, à la suite de la fermeture du Collège de Bathurst (Nouveau-Brunswick). De nombreux collaborateurs l'ont secondée et appuyée, mais elle a sans contredit été l'âme de ces années de travail et de lutte.
La marque de Soeur Léger, comme femme acadienne, nous la retrouvons sans doute spécialement dans l'institution d'éducation qu'elle a contribué à créer, à soutenir, à guider au cours de ses mutations. D'abord ouvert aux jeunes filles désireuses d'y suivre les quatre années de cours, en vue du baccalauréat ès arts, le Collège de Shippagan s'est transformé pour répondre aux besoins de la population de la région et aux exigences d'une formation diversifiée. Des cours techniques furent ajoutés: bibliothéconomie, secrétariat, administration; ces cours furent aussi offerts aux garçons à compter de 1972. Pendant ses quinze années d'existence, le Collège Jésus-Marie de Shippagan aura permis à de nombreux jeunes Acadiens d'acquérir une formation supérieure. Déjà, plusieurs de ces jeunes ont fait leur marque dans la profession qu'ils ont choisie. Mais c'est sans doute aux jeunes filles acadiennes du nord-est que cette oeuvre d'éducation aura été la plus utile: elles se sont ainsi vu ouvrir l'accès à des études et à des professions réservées jusque là presque uniquement aux jeunes gens, vu la situation géographique, économique et culturelle du milieu.
Le sénat académique de l'Université de Moncton a voulu rendre hommage à Soeur Léger pour son remarquable dévouement à la cause de l'éducation supérieure en Acadie, en lui décernant, en 1979, le titre de Professeur Emérite. Déjà, en 1967, Soeur Léger avait été décorée de la Médaille du Centenaire du Canada.
À compter de juin 1977, Soeur Irène a vu s'ouvrir un plus vaste champ à son rayonnement de religieuses philosophe et éducatrice: elle a été choisie par sa Congrégation pour devenir Secrétaire générale avec résidence à Rome. Depuis quatre ans, c'est donc dans les cinq continents où son travail la conduit, que cette Acadienne remarquable exerce son influence.
Généalogie
Irène Léger est la fille de Irénée Léger et Malvina Dugas. Elle est née le 18 octobre 1923 à Paquetville (Nouveau-Brunswick). Irène a un frère, Aristide Léger, qui fait sa prêtrise en 1947, il fut curé de l'église Notre-Dame-des-Neiges de Campbellton (Nouveau-Brunswick).
Bibliographies:
Notes généalogiques, de Jean-Pierre Léger, auteur.
Silhouettes acadiennes, de Thérèse Lemieux et Gemma Caron, 1981, pages 277-280.